Doja Cat - Vie [Album Review]

Alors que beaucoup se fatiguent à donner une inutile exposition au médiocre et indigeste 2ème album de Cardi B - à commencer par sa grande rivale Nicki Minaj - Doja Cat assure la promo de son album Vie qu'elle a sorti une semaine après Am I The Drama, prouvant aisément qu'elle domine ses consœurs. D'une part, elle est clairement au-dessus de tout cela en gérant sa promo avec classe et indépendance sans faire de vagues ni de marketing putaclic, et d'autre part grâce à la qualité de son nouvel album.

Comme les plus grands artistes des générations précédentes, elle a le mérite d'avoir créé un univers complet pour cette ère qui tranche radicalement avec la précédente. Cela fait d'ailleurs beaucoup de bien, car l'ère Scarlet était trop inégale musicalement en plus d'être une catastrophe visuelle. C'est même assez incroyable qu'elle ait réussi un tel revirement même si elle a forcément perdu des fans en route.

Cette année, elle retourne donc à une esthétique infiniment plus jolie et une musique plus homogène, comme elle l'avait toujours fait de 2014 à 2021. Toutefois, ç'en est différent, avec une image très glamour et des sonorités résolument Pop aux influences 80's très marquées. Leur présence tout au long de l'opus contribue à sa cohérence très appréciable.

Ce n'est certes pas la première artiste à s'inspirer autant de cette époque passée, mais elle l'a fait à merveille. Plutôt que de se contenter d'un fade recyclage, elle s'est totalement approprié les sonorités en les habillant de son style unique qui charme ses fans depuis So High (que je n'avais pas manqué de mettre en lumière ICI lorsque j'avais flashé dessus y a déjà 11 ans). Sa réinvention toute personnelle insuffle une belle modernité à ce revival 80's. Elle a ainsi réussi le tour de force d'offrir une musique qui peut séduire un très large public sans pour autant dérouter ses fans de la première heure ou faire fuir ceux qui sont comme moi réfractaires aux 80's.

Bien sûr, n'oublions pas de parler du dernier aspect où elle est excellente, et pas des moindres : elle alterne entre rap et chant avec aisance, et talent pour les 2 exercices - ce qui n'est pas donné à tout le monde ; il suffit de penser aux nombreuses rappeuses populaires dont le flow est mauvais...

Elle est tellement forte qu'elle n'a pas besoin de multiplier les featurings et brille quasiment seule à la manière d'un J. Cole. Elle n'a sollicité que SZA en clin d'œil à leur tube Kiss Me More même si une apparition de The Weeknd aurait été parfait. Elle a même décroché un record en devenant la première rappeuse à être la seule auteure de tout un album.

Seuls points négatifs, une chanson ratée (AAAHH MEN!) et le fait qu'aucune ne se détache contrairement à d'habitude.

Au-delà de ça, l'opus est impeccable de par sa cohérence, sa musicalité et son interprétation vocale. Cerise sur le gâteau, il est accompagné d'une superbe imagerie.

C'est donc Doja Cat qui a brillamment marqué le Rap féminin cette année et mérite d'être honorée pour cela ! Et cela fait particulièrement plaisir de pouvoir encore compter sur une grande actrice dans ce domaine en lambeaux même si elle n'y a plus qu'un pied.

En effet, Vie n'est certes pas un album Hip-Hop, mais il est interprété par une rappeuse qui n'a pas renoncé au Rap pour autant, et qui manie son flow avec talent, en plus de proposer un projet cohérent et un univers soigné. Et tout cela réuni, aucune rappeuse ne l'a fait cette décennie alors que Doja Cat l'avait déjà accompli une première fois avec Planet Her.

Quel dommage que les chiffres prévisionnels de Vie ne soient pas à la hauteur de tous ses mérites !