17 juin 2013

Kanye West - Yeezus [Review]



Daft Punk a fait un travail formidable avec le chef d’œuvre qu'est leur dernier album Random Access Memories. Kanye West a maintes fois prouvé son génie avec les albums Graduation, 808s & Heartbreak et My Beautiful Dark Twisted Fantasy. Et le second a samplé les premiers avec brio pour faire un son fantastique qui n'est autre que l'inoubliable Stronger.
Alors imaginez ce que pourrait donner une collaboration entre Yeezy et les Daft !
Mais ce qu'ils nous servent avec leurs 5 collaborations sur Yeezus est tout le contraire des sons excellents ou même seulement bons qu'on est en droit d'attendre d'eux. Ce sont même les pires tracks de l'album. On Sight, Black Skinhead, I Am A God, New Slaves et Send It Up. Totalement inaudibles.
Le reste ne vaut guère mieux. Hold My Liquor et I’m In It sont affreusement médiocres.
On conservera seulement Blood On The Leaves (désigné quasi-unanimement comme la meilleure track), Guilt Trip et Bound qui, loin d'être extraordinaires et restant plus ou moins décevantes, sont conformes au son Kanye West, s'écoutent sans problème et devraient même s'apprécier davantage avec quelques écoutes.

Bref, un mot pour décrire cet album : déception. On pourra en rajouter quelques autres comme inaudible, bruit, cris, minimaliste, répétitif, dark, déroutant, caricatural, affligeant, honteux...
Mr. West est tellement dans son monde - où il est selon ses propres termes "l'être humain numéro 1" - qu'il nous sort un album expérimental et conceptuel à l’extrême au détriment du bon sens de la musicalité. L'homme dont la pire frustration est de savoir qu'il ne pourra jamais se voir en live (ça aussi c'est lui qui l'a dit) espère pourtant le vendre par milliers (il vise les 500 000 ventes US en première semaine), et ce sans pré-commande, sans single, avec une promo réduite au minimum, et pire, sans artwork, sans livret, sans rien, juste le CD... quisplus-est ne contenant que 10 tracks. Voilà ce qu'on appelle couramment du foutage de gueule ! Ok pour le minimalisme, ok pour l'innovation, mais uniquement si la musique est exceptionnelle. C'est effectivement la prétention qu'il a, mais on en est bien loin dans les faits.
C'est d'autant plus honteux venant de quelqu'un qui a tellement soigné les aspects musicaux et visuels de sa carrière, nous offrant le meilleur et nous empêchant de nous indigner devant l'égo monstrueux de celui qui se prend tantôt pour Jésus, tantôt pour Dieu. Comment ose-t-il nous proposer cette horreur à des kilomètres des travaux de génie auxquels il nous a habitué ?
Le tournant avait été amorcé avec Cruel Summer, mais c'était avant tout une compilation G.O.O.D. Music, on pouvait donc lui pardonner ses écarts, sa relative médiocrité et son côté inégal. Mais de là envisager qu'il puisse tomber aussi bas, voilà qui m'était impensable avant d'avoir eu un seul retour sur les sons de cet album. Par contre, ça devenait de plus en plus prévisible depuis fin Mai... Le seul point sur lequel il a su se rester fidèle, c'est qu'il est unique, mais cette fois-ci dans le mauvais sens du terme...
D'un côté, tout ça parce qu'il est Kanye West, Yeezus est encensé pour son audace et son avant-gardisme (cf. l'incompréhensible note de 86/100 sur Metacritic). Mais ce ne sont certainement pas les gens qui le méprisaient, le prenant pour un imposteur peu crédible à mille lieux du real Hip-Hop, qui vont changer d'avis sur lui. Voilà qu'il leur offre sur un plateau d'argent de quoi corroborer leurs dires...
Il va bien falloir que je le réécoute au moins une fois, mais je n'en ai même pas envie tant cet album m'a fait saigné les oreilles... Non sérieusement, cher lecteur, si tu as actuellement mal à la tête, ne l'écoute surtout pas ! Mais si tu aimes prendre des risques, streaming possible via ce lien.

NB : La tracklist avec les featurings, les producteurs et les samples est consultable sur NeoBoto. (C'est bien la peine d'avoir réuni autant de contributeurs pour faire "ça"...)

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