16 août 2024

Chlöe - Trouble In Paradise [Album Review]



Avec nettement moins de promo et d'anticipation que l'année dernière, Chlöe a sorti Vendredi 9 Août son 2ème album solo, seulement 16 mois après In Pieces (qui avait fait l'objet d'une review détaillée ICI). Alors que ce premier essai était décevant au regard du talent de la demoiselle, qu'en est-il de son successeur ?

Au programme de cet album de 48 minutes, 16 tracks dont seulement 2 déjà connues (les singles FYS et Boy Bye) et aucun interlude de moins d'une minute. C'est donc positif d'avoir 14 vrais inédits à découvrir. Elle a d'ailleurs pris soin d'illustrer chacun d'eux par une petite vidéo, démontrant plus d'implication de sa part dans la conception de ce projet qui dure 10 minutes de plus que le précédent. Après cette première impression positive, il est grand temps de lancer l'écoute de Trouble In Paradise ►♪



La track introductive est composée d'une jolie première partie tout en douceur parfaitement appropriée, puis d'une seconde partie où elle retrouve les sonorités Afrobeats auxquelles elle a goûtées lors de plusieurs featurings depuis 2022.

Le début de Might As Well s'enchaine à la perfection bien que le rythme soit résolument lent. Accompagnée par Ty Dolla $ign sur une instru qui rappelle certaines prod de Timbaland, Chlöe a vraiment soigné son interprétation vocale et le duo un peu grandiloquant fonctionne à merveille.

Changement de registre avec le second single Boy Bye qui sonnait trop Pop à sa sortie et qui ne dénote pourtant pas ici malgré le fait qu'il s'agisse d'un up-tempo. Le fait qu'il soit bien intégré au sein de l'album permet même de l'apprécier davantage.

Chlöe continue les sonorités entrainantes à travers Redemption, instantanément entêtante et très réussie avec de fines influences Afrobeats. Quel dommage que ce soit la chanson la plus courte de toutes (même pas 1 minute 30 au compteur)...

Temporarily Single conserve un peu le même style, mais plus apaisé. Mention spéciale pour le bridge et son interprétation formidable !

Rose vient ensuite nous envoûter grâce à son instru sensuelle aux basses marquées installant une douce atmosphère vaporeuse.

Après des enchainements sonores parfaits qui reviendront rapidement, Favorite apporte une petite cassure. Duo avec le très prisé Anderson .Paak, il s'agit sans surprise d'un up-tempo aux cuivres un peu rétros. Ces derniers ne sont que rarement agréables à l'oreille et ce n'est pas le registre qui va le mieux à Chloë, mais c'est sympathique et elle s'en sort très bien.

Heureusement, Same Lingerie revient vite à la douceur, avec sensualité et émotion pour un résultat impeccable.

Sans transition une seconde fois, Never Let You Go voit Chlöe embrasser pleinement la World Music via le couplet Reggae de YG Marley en plus de l'instru Afrobeat. Rien de désagréable ni de raté, mais c'était totalement dispensable.

Le moment le plus attendu arrive enfin : Want Me marque les retrouvailles musicales de Chlöe avec sa petite sœur Halle. La barre est logiquement placée très haut, et de ce fait la collaboration peine à convaincre complètement. D'une part, ce n'est pas la musique la puissante du projet ; et d'autre part, il faut attendre d'arriver à la moitié des 4 minutes pour entendre la petite sirène en plus d'avoir trop peu de moments où leurs voix s'entremêlent. Néanmoins, la chanson est très jolie et forcément bien interprétée.

L'écoute se poursuit de façon moins enthousiasmante via le morceau le plus fade du projet, Moments, qui s'avère presque aussi soporifique que la chanson titre de In Pieces qui faisait office d'outro - mais en ayant heureusement une instru légèrement plus riche qu'une ennuyeuse balade piano-voix.

FYS ravive l'intérêt même s'il n'aura jamais la carrure du lead single qu'il était, et on ne peut s'empêcher de noter à nouveau la qualité de l'interprétation vocale.

La fin de ce dernier correspond à la perfection au style de Nice Girls Finish Last qui prend la suite et ramène les basses marquées et l'ambiance vaporeuse de Rose pour un résultat au moins aussi qualitatif en plus de bénéficier d'un bridge hypnotique superbement chanté.

Impossible de se douter que la chanson suivante serait l'une des plus Pop du projet, et c'est pourtant le cas car Strawberry Lemonade est un up-tempo de Pop sucrée funky, mais il s'intègre parfaitement grâce à son intro aérienne. Il est surtout très réussi, et c'est un vrai plaisir (coupable) que d'entendre l'une des plus belles voix du R&B s'engouffrer ponctuellement dans ce courant musical de la Pop des années 20's qui est le meilleur depuis des années !

En revanche, Shake débute en totale rupture, en plus de surfer sur la dernière tendance urbaine du moment : le Jersey Club. Cet insupportable courant House dérivé du B'more Club est train d'envahir doucement le monde du Hip-Hop depuis près de 2 ans à la manière de la presque aussi détestable Drill UK un ou deux ans plus tôt, et de plus en plus d'artistes Rap et maintenant R&B y succombent. C'est ainsi que Chloë n'a pas manqué d'incorporer la base saccadée bouncy typique de ce genre, afin de gâcher bien comme il faut son featuring avec Jeremih alors qu'il aurait pu être tout à fait réussi.

Comme si cette déception n'était pas suffisante, la dernière track est la pire de l'album et n'a que pour seule qualité d'avoir une intro qui s'intègre très bien avec l'outro de celle qui la précède.

Quel gâchis de terminer sur une si mauvaise impression ! C'est d'autant plus frustrant que Trouble In Paradise était ultra soigné jusqu'à l'apparition des 2 dernières pistes.

En plus de la qualité globale des instrus et du fait qu'elles fassent toutes honneur au talent vocal de leur interprète, il faut vraiment saluer le soin apporté aux transitions entre les chansons garantissant un enchainement fluide très rare dans la musique un minimum maintream.
Le fait que Bongo ait produit ou co-produit la grande majorité des tracks (11/16) y contribue en partie (on retrouve Yeti Beats à la prod des 3 chansons Pop, et d'autres personnes sur les 2 tracks orientées Afrobeats).
Mais la production globale de l'album a été particulièrement bien pensée afin d'avoir une belle logique musicale et de pouvoir le considérer comme un projet cohérent - et ce malgré l'exploration de plusieurs styles.

C'est d'ailleurs une qualité qui manquait cruellement à son prédécesseur qui ressemblait à une compilation sans homogénéité, en plus de se perdre dans les interludes. Alors qu'il contenait seulement 11 chansons, leur qualité était trop aléatoire au point où un quart d'entre elles n'avaient aucun intérêt.
Le ratio est nettement plus satisfaisant sur Trouble In Paradise et ses 16 morceaux.

Cependant, aucun n'est aussi génial et mémorable que le superbe top 5 de In Pieces : les ravissants Make It Look Easy, Looze U et Worried, le formidable How Does It Feel et le sublimissime Feel Me Cry - de nombreux coups de cœur instantanés et durables. Ce n'est pas le cas sur Trouble In Paradise malgré sa qualité indéniable, et c'est finalement ce qui est le plus regrettable et ne peut que laisser un léger arrière-goût de déception.
Celle-ci est cependant moindre par rapport au premier essai de Chlöe car on ressent une jolie évolution et une volonté de livrer une œuvre à part entière, mettant en valeur l'ampleur de son talent. C'est très prometteur pour la suite et on espère qu'elle confirmera à l'avenir en continuant dans cette direction.

Reste à lui souhaiter une grande reconnaissance pour son travail qualitatif, et le maximum de succès comme elle le mérite - bien que cela s'annonce encore plus compliqué que la première fois où elle avait bénéficié d'une exposition et d'un budget plus conséquents.

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